Le reportage qui suit à été réalisé en 1975 au séminaire d'Ecône. On y retrouve notamment Mgr Marcel Lefebvre, et quelques séminaristes connus de l'époque, tels que Philippe Laguérie ou Richard Williamson.
dimanche 22 mars 2015
lundi 9 février 2015
Mgr Lefebvre : Prudence dans le jugement
La situation actuelle est assez confuse pour que nous n’ayons pas à
rajouter des dogmes à ceux que l’Église nous demande de croire, expliquait Mgr
Lefebvre. Or une tentation serait de devoir prendre position de façon
catégorique sur toutes les organisations qui nous environnent. Devant ses
séminaristes, Mgr Lefebvre prenait l’exemple de l’Office international des
œuvres de formation civique et d'action culturelle selon le droit naturel et
chrétien, mouvement fondé par la Cité catholique de Jean Ousset et organisateur
des célèbres congrès de Lausanne, lequel avait vaillamment accompagné l’action
de l’archevêque au cours du Concile et dans ses essais de restauration
sacerdotale. Par la suite, ses dirigeants ont glissé, ils ont mis entre
parenthèses certaines doctrines et n’ont pas voulu prendre position sur la
messe. Fallait-il en faire des ennemis à honnir et à déconsidérer ? Déjà,
plusieurs esprits du mouvement traditionnel, devançant le fondateur de la
Fraternité Saint-Pie X, diffusèrent une brochure éditée par le monastère
Saint-Joseph de Clairval, dont l’auteur resta anonyme, afin de dénoncer
l'organisation sous le titre : « Une fausse contre-révolution : l’Office ? ».
A la fin de l’année 1976, à l’heure où certains mouvements s’éloignaient du
fait de la suspens a divinis prononcée contre Mgr Lefebvre, ce
dernier invitait ses séminaristes à la prudence dans le jugement et à ne pas
rajouter de nouveaux dogmes à ceux que l’Église nous enseigne.
« S’il reste
encore des questions disputées, c’est possible, c’est certain même : Il y
a encore des questions qui sont disputées, il y a des questions qui ne sont pas
définies encore dans l’Église. Mais je pense qu’il y a suffisamment de dogmes,
suffisamment de vérités définies dans tous les domaines pour que nous ayons un
jugement bien formé et que nous puissions connaître vraiment la vérité que
l’Église nous enseigne. Évidemment, nous sommes confrontés maintenant à une
telle situation dans l’Église, à de telles discussions, à de telles remises en
question que certains pourraient parfois hésiter sur ce qui est vraiment la
vérité enseignée par l’Église et ce qui est le champ ou le domaine des idées
libres et discutables.[…]
« Vous pouvez
discuter. Mais parce que votre confrère n’est pas absolument du même avis sur
un article de Permanences, « Avez-vous lu cet article de Permanences
? Qu’est-ce que vous en pensez ? Ah, vous n’êtes pas de cet avis-là ?
Ah, vous n’avez pas le droit ! » Et on commence à se disputer. Mais
non quand même ! Est-ce que c’est indispensable ? Est-ce que cela
fait partie de la doctrine qui vous est enseignée au séminaire ? Vous
pouvez tout de même avoir quelques opinions différentes, quelques nuances dans
vos opinions à ce sujet-là. C’est un problème intéressant, c’est un problème,
au moins pour les Français, auquel vous serez confrontés, pour d’autres
pays peut-être aussi, mais c’est surtout pour la France. Donc que vous vous
renseignez un peu sur ce problème que vous entendiez un confrère qui vous dise
cela, un autre confrère qui vous parle un peu autrement, très bien, vous vous
ferez petit à petit une opinion, et quand vous aurez plus tard à juger de ces
affaires-là vous jugerez, mais attendez.
« Même si
quelqu’un pendant les vacances vous demande : qu’est-ce que vous pensez de
l’Office [international] ? Dites tout simplement : je ne sais pas, je
ne suis pas très informé. Vous pouvez très bien dire : je ne suis pas très
informé, je discute, je ne sais pas exactement, je n’ai pas une connaissance
parfaite du problème, j’ai entendu dire ceci, j’ai entendu dire cela, mais vous
n’êtes pas obligé d’avoir une opinion. Cela ne fait pas partie des dogmes de
notre foi. Vous pouvez très bien ne pas le savoir, sans être de grands
ignorants. Et ce sont des problèmes très délicats qu’il ne faut pas aborder
sans une réelle connaissance et qu’il ne faut pas juger sans une réelle
connaissance. Parce qu’on peut facilement se tromper dans ses jugements.
« Pour ma
part, personnellement, je vous avoue que je suis très prudent dans mes
jugements quand on me parle de ces choses-là. Je reconnais que pour ce que je
puis savoir de la situation de l’Office, comme je vous l’ai déjà dit, on a
assisté certainement à un certain glissement dans les idées de l’Office, glissement
vers certains compromis, certaines idées moins claires, moins nettes, moins
affirmées comme le règne de Notre-Seigneur qui autrefois dans le Pour
qu’Il règne était affirmé d’une manière plus forte, plus ferme. On a
supprimé certaines choses. Il y a certainement une certaine tendance de ce
côté-là. Il y a eu peut-être un manque de prise de position vis-à-vis du
catéchisme, même vis-à-vis de la messe qui ont laissé un certain flottement
dans l’Office, alors qui créent une certaine gêne, une certaine gêne pour
beaucoup de personnes.
« Alors
est-ce qu’il faut dire tout de suite : « Tous ces gens-là sont des
gens qu’il faut honnir avec lesquels il ne faut plus avoir aucune relation, ce
sont tous des ennemis de l’Eglise » ? Non, tout de même ! Il ne faut
pas tout de suite passer de certaines constatations aux conséquences ultimes,
c’est le meilleur moyen d’éloigner tous ces gens-là et de ne jamais arriver à
les convertir, de ne jamais arriver à les ramener à la vérité, de ne jamais les
ramener à plus de fermeté, c’est certain. Mais il faut expliquer cette
situation, il faut l’expliquer et la comprendre un peu parce qu’ils ont été
abandonnés par les Pères de Chabeuil qui leur donnaient des conseils très
justifiés autrefois. Et puis ces Pères de Chabeuil ont viré complètement vers
les solutions modernes, le progrès, les nouveautés, et évidemment cela a été
préjudiciable pour l’Office. C’est un fait. Je donne un exemple pour l’Office.
Ensuite vous pouvez avoir différentes opinions sur une chose qui peut provoquer
certaines discussions parmi vous. »
samedi 24 janvier 2015
Renaissance de l'église Notre-Dame-des-Anges de Tourcoing
L'église Notre-Dame-des-Anges était l'église paroissiale de la famille Lefebvre, qui habitait dans la même rue, à quelques numéros. C'est là que Mgr Lefebvre reçut la consécration épiscopale le 18 septembre 1947, comme le rappelle un panneau à l'entrée. Bien délabré et fermé pendant un temps, le sanctuaire semble revivre et susciter l'intérêt, du moins artistique.
dimanche 18 janvier 2015
Mgr Lefebvre : « Ne pas tout jeter par-dessus bord »
Dans une conférence dispensée aux séminaristes d’Écône le 2 décembre
1982, Mgr Marcel Lefebvre mettait en garde contre un abandon du sens de l’Église.
Une vision trop humaine des choses, qui perdrait de vue la dimension divine du
Corps mystique du Christ, pourrait conduire hâtivement à tout envoyer au loin, en
se contentant de son univers particulier, en ne voyant plus dans l’Église qu’un vulgaire
combat politique, en considérant les membres de la hiérarchie comme autant d’étrangers,
selon une logique dont l’aboutissement serait le sédévacantisme, plus ou moins avoué. Pour Mgr
Lefebvre, cette perte de discernement est un piège et l’œuvre du démon.
« Nous devons tenir ferme et ne pas
nous laisser entraîner par une dureté, une crispation – je dirais sentimentale –
contre cette situation qui est évidemment une situation terrible pour l’Église.
Alors on peut avoir cette tendance dangereuse, à mon sens, de tout rejeter.
Rejeter toute hiérarchie, le pape, les évêques, les cardinaux. On ne veut plus
rien savoir, c’est fini, cela ne vaut plus rien, il n’y a rien à faire. Cela,
c’est une tendance qui peut être assez naturelle. Évidemment nous
souffrons tous de cette situation, énormément. Mais on ne doit pas, parce que
nous souffrons, tout jeter par-dessus bord et par le fait même ruiner la
possibilité de revenir à un état normal. S’il n’y plus les cadres dans lesquels
la normalité peut se rétablir et se faire, comment allons-nous la
rétablir ? Alors en faisant un pape, en faisant des cardinaux, comme
Palmar de Troya, par exemple ? C’est de la folie. Ou comme Saint-Jovite au
Canada ou, comme ils sont près malheureusement à le faire en Amérique, ceux qui
ont ces idées-là. Cela n’a pas de sens, c’est le véritable schisme et c’est
faire l’œuvre du diable, c’est sûr, ce n’est pas l’œuvre du Saint-Esprit. »
(Mgr Lefebvre, 2 décembre 1982).
A l’occasion du XIIe
Congrès du Courrier de Rome, Mgr Bernard Fellay, supérieur général de la
Fraternité Saint-Pie X a repris cette thématique. Plus de trente ans après, la
situation demeurant confuse, les dangers auxquels nous sommes exposés restent
les mêmes et nous pouvons nous laisser attirer par des oppositions binaires qui
nous pousseront à ne plus faire aucun cas du reste de l’Église, en raison d’une
perte de sa dimension surnaturelle :
« Il y a un
risque pour nous de voir seulement le côté humain, le côté misérable, tout
spécialement aujourd’hui. La situation de l’Église est pénible, triste. Elle
confond, c’est-à-dire qu’elle est confuse et la tentation est grande de prendre
le moyen humain et de tout balancer. Mais c’est un moyen humain. Pour l’amour
du Ciel ! Ce n’est pas comme cela qu’il faut faire. Il ne faut pas tout
balancer, même si nous sommes profondément choqués par tel ou tel acte, par une
dérive invraisemblable, par beaucoup de choses que l’on voit aujourd’hui. Il n’est
certainement pas juste de dire : « On n’a plus rien à faire avec cela ».
Si on se limitait au côté humain, peut-être, mais de dire simplement : « Tout
cela, ce n’est pas l’Église », c’est avoir confondu un arbre qui cachait
la forêt ou, cette fois-ci dans l’autre sens : On a oublié la forêt parce
qu’on a vu un arbre malade. Il faut maintenir avec beaucoup de force, surtout
aujourd’hui quand on voit l’Église malade, que c’est l’Église de Notre Seigneur
Jésus-Christ. C’est son Église. Alors on ne va pas attribuer aux éléments
malheureux, déficients, cette définition. Mais on va dire : Là, derrière,
il y a encore l’Église. Cette Église est encore là. Elle n’a pas disparu. Cela ne
veut pas dire qu’il faut avaler le poison. Mais cela veut dire qu’il faut
maintenir une relation à l’Église qui soit correcte. Nous sommes catholiques,
catholiques romains et nous le restons. » (Mgr Fellay, 11 janvier 2015)
samedi 29 novembre 2014
Mgr Lefebvre naquit il y a 109 ans
« D'après tous les témoignages oraux et écrits que j'ai
pu recueillir de ceux qui étaient au Séminaire français à cette époque, l'abbé
Marcel Lefebvre ne prit jamais part aux discussions sur l'Action française.
D'ailleurs jamais le Père Le Floch ne parla de Maurras dans ses conférences. La
sainte théologie sur la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus Christ et toute
la doctrine sociale de l'Eglise se suffisaient bien à elles seules. Ajoutons
que notre séminariste était plutôt effacé, doux, régulier.
« Au bout de quelques semaines de séminaires presque
tous avaient un surnom, les Français restent les Français. Ainsi l’abbé
Elchinger (1), c’était « le bel Artur », l’abbé Marcel Lefebvre c’était
« l’Ange » du séminaire, car m’a dit un des anciens, « il s’imposait
par sa piété, son esprit d’obéissance et son ardeur au travail ». Il fut
sacristain, puis premier cérémoniaire sous la direction du célèbre père Heguy,
une sommité en liturgie. Or, à Rome, au grand Séminaire français, la fonction
de sacristain qui suppose l’autorisation de toucher les vases sacrés, ainsi que
celle du cérémoniaire, n’étaient réservées qu’aux élèves modèles. »
« C’est à cette époque que se situe la prédiction
mystérieuse faite par le pape Pie XI au futur archevêque. Un groupe de pèlerins
s’était vu accorder la faveur d’une audience privée. Monsieur et Madame Lefebvre
étaient du nombre, ainsi qu’un de leur fils, Monsieur l’abbé Marcel, alors
sous-diacre. Les visiteurs se tenaient debout en demi-cercle dans la salle d’audience.
Le pape en faisant lentement le tour, félicitant certains et les bénissant. L’abbé
Marcel glissa un mot au maître de cérémonie : Pourriez-vous signaler à Sa
Sainteté que je lui serais reconnaissant de bien vouloir bénir mes chers
parents qui ont cinq enfants dans les ordres.
« Le Saint-Père de s’approcher alors et de poser les
deux mains sur la tête du jeune abbé tout en disant à haute voix : « Vous
avez bien mérité de l’Église ». Comment convient-il d’interpréter ces
paroles ? Était-ce là un simple compliment formulé à l’adresse des
parents, dans la direction desquels le regard du Saint-Père venait de se
tourner ? Était-ce en même temps une prophétie secrètement destinée à la
jeune tête qu’il venait de bénir ? C’était là un mystère que l’avenir
éclairera peut-être. »
Père Jean-Jacques
Marziac, Monseigneur Marcel Lefebvre,
soleil levant ou couchant ?, NEL, 1979, pp. 81-82
vendredi 21 novembre 2014
Version sonore de la déclaration de Mgr Lefebvre du 21 novembre 1974
Mgr Lefebvre rédige cette déclaration dans la foulée de la visite de NN.SS. Onclin et Deschamps, envoyés de Rome, qui ont quitté le séminaire d'Ecône dix jours auparavant. Leurs propos, notamment sur les dogmes, avaient scandalisé le fondateur de la FSSPX et ses futurs prêtres.
lundi 10 novembre 2014
Mgr Lefebvre : Vivons davantage dans cette vertu d’espérance
« On néglige trop souvent la vertu d’espérance. Voyez,
on parle de la foi, on parle de la charité. On néglige assez facilement la
vertu d’espérance, c’est un tort parce que la vertu d’espérance est vraiment la
vertu du pèlerin. Elle est la vertu de celui qui est en marche. Elle est la
vertu de celui qui pense au but vers lequel il se dirige, vers lequel il
marche. Or, cela devrait être tellement naturel, je dirais : Quelqu’un qui
se met en voyage, il n’a d’autre idée, au cours de son voyage, que d’arriver au
but qu’il s’est proposé d’atteindre. C’est évident, c’est clair. Sinon, quand
on lui demande – Où est-ce que tu te diriges ? Où est-ce que tu vas ?
– Eh bien, je ne sais pas, je n’y pense pas, je n’y ai pas pensé.
« Cela va de
soi, si on demande à un voyageur où il va, il dira : - Je vais voir ceci,
je vais voir cela, je vais rencontrer un tel. Il est tout le temps fixé sur le
but vers lequel il va. Alors c’est un peu surprenant de ne pas suffisamment
penser, réfléchir, méditer, sur le but vers lequel on se dirige. Ce serait
tellement naturel d’y penser constamment parce que nous sommes toujours en
chemin. Nous sommes in via, nous sommes des viateurs.
« Alors l’espérance, c’est vraiment la pensée du ciel.
Là encore, le Saint-Sacrifice de la Messe nous met en contact avec le ciel.
Notre-Seigneur nous ouvre les portes du ciel, et c’est l’éternité vers laquelle
nous marchons. Il nous rapproche l’éternité, par sa croix. C’est pourquoi il ne
faut pas hésiter à parler souvent aux fidèles de leurs fins dernières, du ciel,
de la Trinité Sainte, de l’état des âmes au ciel, des élus, des anges, de la
Vierge Marie présente au ciel, de tous les saints, de la communion des saints
dans le ciel. Parler aussi de notre ange gardien qui, lui, voit le ciel, comme
dit Notre-Seigneur : - Il ne faut pas scandaliser ces enfants dont les
anges voient Dieu. Donc notre ange gardien, lui, voit Dieu. Il n’espère pas
seulement, il y est, lui. Alors demandons-lui de nous aider à penser au ciel et
à vivre davantage dans cette vertu d’espérance. »
Ecône, conférence aux futurs diacres, 1er juin 1990
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