samedi 7 décembre 2013

Mgr Lefebvre : « Mon attachement sans réserve au Saint-Siège et au vicaire du Christ »

Ces derniers mois, une erreur s’est propagée dans quelques esprits, laquelle consiste à faire croire que les papes postérieurs à Vatican II seraient les pasteurs non pas de l’Église catholique mais d’une nouvelle entité indépendante, appelée « Église conciliaire ». Les diffuseurs de cette théorie hétérodoxe n’hésitent pas à recourir aux propos de Mgr Marcel Lefebvre pour asseoir leur exposé. Dans une conférence dispensée en 1975, plusieurs semaines après la suppression abusive de la Fraternité Saint-Pie X, son fondateur parle effectivement d’une « nouvelle Église » :

« Il y a certainement eu une rupture à partir de Vatican II. C’est l’esprit nouveau, une réforme, une nouvelle Église, une Église libérale, une Église réformée, semblable à l’Église réformée de Luther, en définitive, qui s’est introduite dans l’Église catholique. Ce n’est plus l’Église catholique. »

En lisant ces quatre lignes détachées du reste de la conférence, on pourrait presque s’interroger. Ce qui est cependant problématique pour la thèse qui consiste à faire croire que le pape serait le chef d’une Église conciliaire indépendante, c’est que Mgr Lefebvre affirme explicitement que cette « nouvelle Église » est comme une mouvance qui s’est introduite à l’intérieur de l’Église catholique et non une entité séparée et indépendante. D’ailleurs dans la même conférence, à quelques secondes d’écart, l’archevêque cite une lettre qu’il vient d’écrire au Souverain Pontife. Il ne s’agit pas à l’époque de Benoît XVI, mais bien de Paul VI, ce pape qui a signé le décret sur la liberté religieuse, qui a promulgué la nouvelle messe, ce pontife qui a fait supprimer canoniquement l'œuvre de la Fraternité. Or, c’est à propos de ce pape, dans la même conférence, que Mgr Lefebvre exprime ces mots, dénués de toute vengeance et empreints d’une immense déférence :

« Je voudrais vous lire la réponse que j’ai faite au Saint-Père pour que vous soyez au courant de ce que j’ai écrit ces jours derniers aux deux lettres que le Saint-Père m’a adressées. Je croyais bien de répondre au Saint Père publiquement, mais je ne l’ai pas fait parce que j’avoue que j’éprouvais de la gêne à faire une réponse publique au Saint-Père, c’était donner un peu l’impression que je me mettais sur le même pied que lui. Or cela me répugne, j’ai trop de respect de la fonction du successeur de Pierre pour donner l’impression publique que je suis sur le même pied que le pape, donc je n’ai pas voulu faire cette lettre publique. C’est ce que j’ai dit d’ailleurs au Saint-Père dans les premières lignes. « Très Saint-Père, si ma réponse à la lettre de votre Sainteté est tardive c’est qu’il me répugnait de faire un acte publique qui aurait pu faire penser que j’avais la prétention de traiter d’égal à égal vis à vis des successeurs de Pierre. Je m’empresse, sur les conseils de la nonciature d’écrire quelques lignes à votre Sainteté pour lui exprimer mon attachement sans réserve au Saint-Siège et au vicaire du Christ. Je regrette sincèrement qu’on ait pu mettre en doute mes sentiments à cet égard et que certaines de mes expressions aient été mal interprétées. C’est à son Vicaire que Jésus-Christ a confié la charge de confirmer ses frères dans la foi et qu’il demande de veiller à ce que chaque évêque garde fidèlement le dépôt selon les paroles de saint Paul à Timothée. Cette conviction qui me guide, et qui m’a toujours guidé, dans ma vie sacerdotale et apostolique, c’est cette foi que je m’efforce d’inoculer, avec le secours de Dieu, dans la jeunesse qui se prépare au sacerdoce, cette foi est l’âme du catholicisme affirmé par les évangiles : « Sur cette pierre je fonderai mon Eglise ».


Mgr Lefebvre exprime-là un immense respect du Saint-Siège et du vicaire du Christ qui n’a rien à voir avec l’état d’esprit des propagateurs de la nouvelle théorie qui appellent plutôt à condamner de manière systématique et avec des mots d'une rare virulence le successeur de Pierre comme un paria et à lui dénier toute parole heureuse. Si le fondateur de la FSSPX parle dans cette même conférence de « nouvelle Église », c’est uniquement pour parler de la tendance conciliaire qui est comme un corps étranger qui est inoculé dans l’esprit de certains hommes d’Église. En aucune manière, et la romanité de l’archevêque est là pour l’exprimer, cela ne peut remettre en cause la réalité selon laquelle le pape est le pasteur de l’Église universelle. Paul VI avait absout les schismatiques, encouragé les hérétiques, dévasté la liturgie. Malgré ces épouvantables conditions et au cœur même de la tourmente, Mgr Lefebvre manifeste en vrai catholique une romanité sans faille. Il ne se laisse pas gagner par l'aigreur. Il exprime cette foi, qui, bien qu'éprouvée dans les temps actuels, est selon ses termes « l’âme du catholicisme ».

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