Dans un précédent article, nous avions montré à quel point Mgr
Lefebvre avait le souci des prêtres extérieurs à la Fraternité au point que
dans ses statuts, il a pris soin de placer cet apostolat sacerdotal avant même
les œuvres des prieurés et des écoles. Un réflexe bien humain pourrait laisser
penser qu’en se rapprochant d’autres prêtres, ceux de la Fraternité pourraient
se laisser influencer et se faire emporter par les sirènes qui animent le monde
actuel. N’est-ce pas ce même argument bien trop humain qu’on aurait pu objecter
aux douze apôtres qui se sont séparés, en sortant du Cénacle, pour gagner les
quatre coins du monde et s’exposer à toutes sortes de danger ? Eux aussi,
transis de peur auraient pu être gagnés par les scrupules d’une fausse présomption
et auraient pu rebrousser chemin. Ils ne raisonnaient pas avec des conjectures
pusillanimes. Forts dans la foi, animés par l’invincible esprit de la
Pentecôte, ils savaient pertinemment que leur force de conviction ne reposait
pas sur leur petit être mais sur la personne même de Jésus-Christ. « Ma grâce
te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance donne toute sa mesure » (IIe épitre
aux Corinthiens, XII, 9). C’est fort de cette inébranlable confiance en Dieu
que Mgr Lefebvre osait prononcer en 1975 cette vibrante conférence missionnaire
en faveur des prêtres diocésains :
« Je pense
que l’un des premiers buts de la Fraternité sacerdotale c’est la formation de
prêtres. Il faudrait que nous puissions avoir un grand séminaire dans tous les
pays du monde. Nous n’y sommes pas encore. Et puis non seulement la formation
des prêtres mais aussi le soutien spirituel des prêtres qui sont encore dans
les diocèses. Beaucoup de prêtres sont désemparés actuellement, absolument
désemparés.
On ne peut pas dire que tous
les prêtres – sous prétexte qu’ils ne disent pas la messe de toujours – sont de
mauvais prêtres. Ce serait exagéré de dire cela. Beaucoup souffrent, ils se
rendent compte que la messe qu’ils disent ne leur donne plus le soutien qu’ils
avaient autrefois, ils souffrent dans leur vie spirituelle, ils souffrent par
l’exemple des prêtres qui autour d’eux abandonnent, qui ne sont plus de vrais
prêtres. Tout cela les fait souffrir. Alors au lieu d’être dur avec ces
prêtres, de les critiquer et de les blâmer, essayons au contraire de les
soutenir, de les amener à être de saints prêtres, de les amener à retrouver ce
qui faisait leur joie autrefois, ce qui faisait leur vie sacerdotale, ce qui
faisait leur soutien spirituel. Et même, ces prêtres peuvent venir passer
chez nous, dans nos maisons, trois jours, quatre jours, cinq jours s’ils le
désirent, eh bien invitez-les ! Qu’ils sentent qu’ils retrouvent chez nous
vraiment la foi de leur jeunesse, la foi de leur sacerdoce. On sent ce besoin,
et je ne serais pas étonné que le jour où nous aurons des maisons répandues
comme cela dans divers pays, des prêtres viendront demander s’ils ne peuvent
pas demeurer et travailler avec nous parce qu’ils ne se sentent plus le courage
de travailler là où ils sont, critiqués par d’autres. Ou bien on essaye de les
recycler, ou bien on leur donne des orientations dont ils ne veulent pas. Ils
seraient probablement heureux de venir travailler avec nous. »
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