lundi 15 avril 2013

Mgr Lefebvre raconte l'approbation canonique de la Fraternité Saint-Pie X


Extrait de Mgr Lefebvre, Petite histoire de ma longue histoire, 1999 : 
« Au mois d’octobre nous sommes venus nous installer [à Ecône]. C’était déjà deux étapes importantes. Voyez, une maison à Fribourg, et la maison d’Ecône. Trois séminaristes d’un côté, ce n’était pas grand chose ; mais après, un autre est venu s’adjoindre, l’Abbé Waltz, cela faisait quatre, puis l’Abbé Cottard, cela faisait cinq. Cinq à la Vignettaz et onze à Ecône. C’était déjà un bon commencement.

« Cependant, il fallait savoir si Mgr Charrière était d’accord pour cette fameuse société. Oui ou non ! J’y allais avec beaucoup de doutes et craignant bien qu’il n’accepte pas. C’était le 1er novembre et il m’a dit : « Si, si, je suis d’accord, je suis tout à fait d’accord. Oui. Oui. Je fais venir le secrétaire. » Il dit au secrétaire : « Préparez une feuille, etc. Tapez à la machine mon approbation canonique des statuts de la Fraternité Saint-Pie-X, fondée par Mgr Lefebvre, etc. »

« Je me disais : « Ce n’est pas possible ! Je rêve ! Ce n’est pas possible ! » Je me vois encore revenir avec les statuts, la signature de Mgr Charrière et la mienne, au milieu des séminaristes à la Vignettaz et leur dire : « Bien, ça y est, les statuts de la Fraternité sont approuvés ! » Oh ! Ils ne me croyaient pas non plus. Ah, ça c’est un signe de la Providence ! Approuvés par l’évêque du lieu,... c’est formidable ! Parce que trois mois après, c’était Mgr Mamie qui lui succédait. Il était déjà contre nous. Il n’aurait pas voulu que Mgr Charrière, dont il était le vicaire général, donne sa signature pour cette Fraternité. Il n’était pas d’accord, mais c’était fait. » 
Le 1er novembre 1970, la Fraternité Saint-Pie X était érigée canoniquement dans le diocèse de Fribourg. Le fondateur était très attaché à cette reconnaissance. Il ne s'est pas arrêté au fait que les autorités hiérarchiques étaient gangrénées par le néo-modernisme ambiant, en particulier pendant cette période de débandade qui suivit le Concile et les agitations de mai 1968. Au contraire, il désirait que ne soit pas malmené, dans la mesure du possible, un article de foi qui n'est pas optionnel, celui de la primauté de Pierre. Et à partir de 1975, une fois l'oeuvre condamnée, il a subi les condamnations, il ne les a pas désirées. Même au moment où il annonçait sa ferme intention de procéder aux sacres, il a précisé que son successeur rouvrirait dans quelques temps les pourparlers avec le Saint-Siège. En veillant à se rendre sans cesse à Rome, il a bien montré qu'il avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour parvenir à une solution viable. Ne voyons pas dans ces essais répétés du sentimentalisme ou du scrupule légaliste, mais simplement un véritable sens de l'Eglise qui conduit à ne pas mépriser la tête de l'Eglise et à ne pas négliger la recherche de la justice que devrait réaliser une reconnaissance. La seule limite à cette recherche est bien entendu l'impossibilité de consentir à des propositions qui diminueraient la foi. Une fois ces éléments garantis, l'établissement d'une structure canonique relève de normes prudentielles que des responsables désignés sont à même de juger. L'histoire de la Fraternité exclue d'emblée les attitudes qui appellent à régulariser à tout prix, en faisant fi des problèmes ambiants, ou au contraire, à ne régulariser à aucun prix, délaissant tout effort à réaliser. Entre les deux, l'attitude de Mgr Lefebvre se situe sur la ligne de crête.

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