Le 24 février 1977, on interroge Mgr Lefebvre sur l’avenir : « Comment
envisager le retour à une situation normale ? » lui demande-t-on. Très
prudemment, le fondateur de la FSSPX n’impose pas – il ne l’a d’ailleurs jamais
fait – un cahier des charges. Il remet cela à la Providence, tout en disant de
manière réaliste que la solution proviendrait du pape. En revanche, il insiste
beaucoup sur la manière de se comporter en attendant. Plus les actes posés ou
les propos tenus par les autorités provoquent le scandale, plus il est tentant
d’assouvir des passions en vidant son sac, en recourant à des jugements
emportés ou des termes excessifs. Mgr Lefebvre bannit ces mauvais moyens. Il
préconise à l’inverse le respect de la hiérarchie, l’affranchissement des
anathèmes ou des polémiques stériles et il invite à déployer une véritable
« affection sacerdotale » auprès des prêtres extérieurs.
« Dès lors
qu'il s'agit de l'avenir, nous savons qu'il appartient à Dieu et qu'il est donc
difficile de faire des prévisions. Cependant constatons d'abord que l'anomalie
dans l'Église n'est pas venue de nous, mais bien de ceux qui se sont efforcés
d'imposer une orientation nouvelle à l'Église, orientation contraire à la
Tradition et même condamnée par le Magistère de l'Église. Si nous apparaissons
être dans une situation anormale, c'est parce que ceux qui ont l'autorité
aujourd'hui dans l'Église brûlent ce qu'ils adoraient autrefois et adorent ce
qui était brûlé autrefois. Ce sont ceux qui se sont écartés de la voie normale
et traditionnelle qui auront à revenir à ce que l'Église a toujours enseigné et
toujours accompli.
« Comment
cela pourra-t-il se faire ? Humainement parlant il semble bien que seul le Pape, disons un Pape, pourra
rétablir l'ordre détruit dans tous les domaines. Mais il est préférable de
laisser ces choses à la Providence divine.
« Toutefois notre devoir est de tout
faire pour garder le respect de la hiérarchie dans la mesure où ses membres en
font encore partie, et de savoir faire la distinction entre l'institution
divine à laquelle nous devons être très attachés et les erreurs que peuvent
professer de mauvais bergers. Nous devons faire tout ce qui est possible pour les
éclairer et les convertir par nos prières, notre exemple de douceur et de
fermeté.
« A mesure
que nos prieurés se fondent, nous aurons ce souci de nous insérer dans les
diocèses par notre véritable apostolat sacerdotal soumis au successeur de
Pierre, comme successeur de Pierre, non comme successeur de Luther ou de
Lamennais. Nous aurons du respect et
même de l'affection sacerdotale pour tous les prêtres, nous efforçant de leur
rendre la vraie notion du sacerdoce et du sacrifice, de les accueillir pour des
retraites, de prêcher des missions dans les paroisses comme le bienheureux de
Montfort, prêchant la Croix de Jésus et le vrai Sacrifice de la Messe.
« Ainsi par
la grâce de la Vérité, de la Tradition, les préjugés à notre sujet
s'évanouiront, du moins de la part des esprits encore bien disposés, et notre future insertion officielle en
sera grandement facilitée. Évitons les anathèmes, les injures, les quolibets,
évitons les polémiques stériles, prions,
sanctifions-nous, sanctifions les âmes qui viendront à nous toujours plus
nombreuses, dans la mesure où elles trouvent en nous ce dont elles ont soif, la
grâce d'un vrai prêtre, d'un pasteur des âmes, zélé, fort dans sa Foi, patient,
miséricordieux, assoiffé du salut des âmes et de la gloire de Notre Seigneur
Jésus-Christ [1]. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire