vendredi 4 décembre 2015

Mgr Lefebvre participe à l’Année Sainte à Rome

En 1975, Paul VI ouvrait la porte de Saint-Pierre pour l’Année Sainte. Partout le pontife romain rattachait le Jubilé au concile Vatican II dont le monde tout nouvellement imbu des idées du Concile célébrait le dixième anniversaire. L’heure était encore à l’euphorie. Presque chaque semaine, le pape Montini martelait comme un leitmotiv le lien étroit entre Concile et Jubilé : « Dix ans après la fin du Concile œcuménique Vatican II, l’Année Sainte nous semble devoir en quelque sorte marquer l’achèvement d’un temps consacré à la réflexion et à la réforme »[1]. Il ajoutait même que ce jubilé devait être centré sur la compréhension du Concile : « Quelle est la charrue de l’Année Sainte ? C’est le Concile que l’on peut considérer comme cultivant avec amour le grand champ de l’Eglise, puis le champ, plus vaste encore, de l’humanité[2] ».


L’attitude de Mgr Lefebvre consistait-elle à rester braqué sur ces dispositions sous prétexte que le message du Concile était prédominant et qu’il fallait jeter toute la soupe empoisonnée ? La force d’âme du prélat et l’esprit de discernement ont heureusement prévalu :

« Malgré tous les bruits, ce que les journaux, la radio et autres ont pu dire sur ce fameux pèlerinage qui a causé tant d’émoi parmi les groupes traditionalistes, eh bien je pense que le pèlerinage va quand même se réaliser ! »[3]

Et le fondateur de la Fraternité de présenter les conditions de ce grand pèlerinage, sous les applaudissements de ses séminaristes :

« Il est évident que la condition c’est que les messes auxquelles assisteront ces pèlerins soient des messes de saint Pie V mais ces messes seront dites dans diverses paroisses de Rome, là où on les dit habituellement encore maintenant ; donc les pèlerins se disperseraient suivant l’implantation dans Rome et se regrouperaient pour les messes de saint Pie V dans ces différentes paroisses où on les dit déjà encore actuellement et puis nous irions visiter les sept basiliques de Rome où nous essayerions d’avoir une bénédiction du Saint-Sacrement avec le chant du Credo et, peut-être au moins dans une des Basiliques, la récitation – enfin la proclamation – du serment anti-moderniste pour affirmer notre foi ! »[4]

Mgr Lefebvre présentait ensuite l’esprit de ce pèlerinage :

« Ce sera plutôt un voyage de pénitence, mais faites-le vraiment dans cet esprit de réparation pour tous les sacrilèges, pour tout ce qui se passe actuellement dans l’Église qui doit certainement attirer des malédictions sur l’humanité ! Et donc dans la mesure où il y a quelques justes encore qui prient et qui font pénitence, le Bon Dieu montrera peut-être un peu de miséricorde pour cette pauvre humanité qui s’en va vers sa perte ! »[5]

Faudrait-il qu’aujourd’hui la crise ait fait des ravages dans les mentalités au point qu’on craigne de témoigner de peur de se laisser contaminer ? Ne trouvera-t-on même plus ces quelques justes pour quémander cette miséricorde divine sous prétexte qu’ils considèrent ne plus vraiment être les héritiers de Rome (car Rome est toujours dans Rome) et qu’ils pensent pactiser en passant la Porte Sainte ? Le diable tend un piège aux catholiques et se frotte les mains à l’idée qu’ils se priveront des grâces du jubilé, des indulgences pour leurs vies et celles de leurs proches et se laisseront emporter par une animosité déraisonnée. Il ne s’agit pas aujourd’hui d’un jubilé du dialogue interreligieux ou des droits de l’homme mais d’une réalité bien catholique, quand bien même elle serait mal interprétée par les autorités dans l’Église : la miséricorde. Ni cette vertu ni les jubilés n’ont été institués par le Concile, encore moins par le Synode. « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde » disait il y a deux mille ans Notre Seigneur Jésus Christ.


[1] Paul VI, Bulle Apostolorum limina, 23 mai 1974.
[2] Paul VI, audience du 30 avril 1975.
[3] Mgr Marcel Lefebvre, conférence aux séminaristes, Écône, janvier 1975.
[4] Mgr Marcel Lefebvre, conférence aux séminaristes, Écône, 23 décembre 1974.
[5] Mgr Marcel Lefebvre, conférence aux séminaristes, Écône, janvier 1975.


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