« Comment envisager le
retour à une situation normale ? » s’interrogeait Mgr Lefebvre devant
les séminaristes. Certes, il y a les conditions juridiques, reconnaissait-il.
Mais elles ne dépendent pas vraiment de nous. En revanche, les conditions
psychologiques sont de notre fait. Le repli sur nous-mêmes, l'outrance ou même la désinvolture à l'égard de la hiérarchie peuvent malheureusement nous rendre incapables
d’amorcer un jour un retour à la normale. Le problème est toujours d’actualité
puisque devant le scandale, nous sommes tentés d’user de jugements emportés, dialectiques et lourds de conséquences à l’égard de la hiérarchie de l’Église, et notamment du pontife romain.
Voici ce que Mgr Lefebvre disait le 22 mars 1977 devant les séminaristes d'Écône :
« Comment
envisager le retour à une situation normale ? Evidemment il faudrait
être prophète pour savoir répondre à cette question. Les circonstances peuvent
être différentes, je ne sais pas. Mais
en tout cas, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour éviter ce qui
pourrait rendre, je dirais, le retour à la normale difficile.
« Ce retour
à la normale difficile est plutôt dans des conditions psychologiques plus que
dans des conditions juridiques, parce que dans des conditions juridiques, qui
est sorti de la normale ? Qui n’est plus dans l’état normal ? Qui
s’est mis dans l’état hors la loi, d’une certaine manière ? Pas nous. On
nous met hors la loi. Mais ce sont ceux qui se sont mis hors la loi qui nous
mettent hors la loi. Ce sont eux-mêmes qui ont choisi ce chemin-là. Ils ont
choisi pratiquement des nouveautés, un chemin qui les écarte pratiquement de la
Tradition et qui les met dans une situation pratiquement schismatique, ou enfin
à peu près schismatique, allant toujours davantage en s’éloignant de ce que
toute la Tradition nous a enseigné. Nous, au contraire, nous continuons dans la
ligne de la Tradition. Nous recueillons l’héritage qui s’est passé de siècle en
siècle, nous essayons de le conserver le mieux possible, et c’est nous qui
sommes pénalisés alors que ceux qui ne gardent pas l’héritage, qui
l’abandonnent, qui le dissipent, sont ceux qui nous pénalisent.
« Alors nous devons garder fermement
la ligne que nous suivons, ne pas en changer, mais pour ne pas, je dirais, rendre psychologiquement la situation plus difficile parce que, même s’il
advient, et c’est ce qu’il faut espérer, qu’un pape futur revienne
dans le sillage que nous prenons actuellement, le sillage de la Tradition, eh
bien il faudra quand même qu’il ne nous rejette pas non plus, lui qui prendra
l’héritage, en disant :
« - Vous avez eu une attitude telle vis-à-vis
de ceux qui nous ont précédés, même s’ils n’étaient pas dans la bonne voie,
qu’il nous est impossible de vous agréer de nouveau.
« Voyez,
c’est pourquoi, personnellement, je n’ai jamais cherché la rupture, comme me le
demandait l’abbé de Nantes : - Il faut qu’il y ait un évêque qui rompe
avec Rome. Et puis ensuite, au-dessous, il parlait de moi. C’était clair,
c’était moi qu’il visait. Moi je ne
cherche pas la rupture avec Rome. Même avec ceux qui ne suivent pas la bonne
voie, je ne cherche pas la rupture parce que je veux garder cette atmosphère
psychologique, encore une fois, qui permette des relations plus faciles. Je ne
pense pas qu’on pourra jamais m’accuser, ni accuser la Fraternité, d’avoir eu
une attitude insolente, je dirais vraiment odieuse vis-à-vis du Saint-Père. Je
ne pense pas avoir eu, ni sous ma plume, ni sur mes lèvres, une seule parole de
mépris ou vraiment insultante pour le Saint-Père. Jamais ! Au contraire,
je cherche toujours à respecter la personne, tout en étant très ferme pour les
idées, en refusant absolument les idées et les choses qui nous sont demandées
et qui ne sont pas conformes à la Tradition, de telle manière que le jour où
les autorités ecclésiastiques changent, les relations puissent être reprises de
manière normale et facile. »
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