La crise actuelle contraint à travailler la vertu de patience. Alors
même que nous défendons un trésor, celui de la Tradition de l’Église, le risque
est grand d’en tirer quelque sentiment d’orgueil, lequel nous entraînera dans
des fautes de mépris et dans l’insulte à l’encontre de notre prochain. Recourir
à des termes inutilement vexants, illustrer son propos par des comparaisons
humiliantes est une pente facile à emprunter, qui permet d’assouvir ses
rancœurs. Dans une conférence donnée à ses séminaristes, Mgr Lefebvre démontre
que de telles manières de procéder auront inévitablement un résultat inverse de
celui qui est escompté. On ne fera que ralentir l’apostolat, en détournant les
âmes. Défendre sans compromission la vérité ne nécessite aucunement de hausser
le ton ou de recourir à la colère. Sinon, nous démontrons que nous n’avons pas
pleinement confiance en Dieu et en sa grâce :
« Nous devons
bien prier pour que, du côté des fidèles qui maintiennent la tradition, on se
maintienne toujours dans une attitude qui soit forte, une attitude ferme mais
non pas une attitude de mépris envers les personnes, d’insultes envers les
personnes, d’insultes envers les évêques, non ! Non, nous avons, je dirais
– ce n’est pas de notre faute – mais nous avons la supériorité d’avoir la
vérité, eh oui, comme l’Église a la supériorité d’avoir la vérité sur l’erreur,
elle a cette supériorité. Alors je dirais, par le fait même qu’on se sent dans
la vérité, c’est la vérité qui doit faire son chemin, c’est la vérité qui doit
convaincre, ce n’est pas notre personne. Ce n’est pas parce qu’on se mettra en
colère, ce n’est pas parce qu’on insultera les gens que cela donnera du poids
de plus à la vérité. Au contraire ! Cela mettra un doute si nous avons la
vérité. Parce que le fait de nous mettre en colère, d’insulter, cela montre que
nous ne nous confions pas seulement dans le poids de la vérité qui est le poids
de Dieu lui-même. Et c’est en Dieu que nous nous confions, c’est dans la vérité
qui est Dieu, qui est Notre-Seigneur Jésus-Christ que nous nous confions. Alors
qu’est-ce que nous pouvons avoir de plus sûr que cela ? Rien de plus sûr.
Et petit à petit, cette vérité fera son chemin, elle doit le faire. Alors
prenons garde dans toutes nos expressions, prenons garde dans toute notre
attitude de ne jamais avoir une attitude de mépris et d’insulte des personnes
mais de fermeté contre l’erreur : Oui, fermeté absolue, sans
compromission, sans relâche, parce que nous sommes avec Notre Seigneur, parce
qu’il s’agit de Notre Seigneur Jésus Christ. Au fond c’est tout l’honneur de
Notre-Seigneur et je dirais la gloire de la Sainte Trinité qui est en jeu.
C’est cela, sa gloire sur terre, non sa gloire infinie, non sa gloire dans le
Ciel, mais la gloire de Notre Seigneur ici-bas. C’est la vérité et donc nous la
défendons à tout prix, quoi qu’il arrive. »
Mgr Marcel
Lefebvre, conférence aux séminaristes, 1976
Là est le vrai sens de l'Eglise, le vrai "sensus fidei", équilibre difficile à garder en ces moments troublés, et pourtant si indispensable à un apostolat fécond !
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