Les parents de Mgr Lefebvre reposent au cimetière de Tourcoing (Nord), sa ville natale, dans le caveau des familles Théry et Lefebvre, aux côtés
des grands-parents paternels du fondateur de la Fraternité S.-Pie X, et
des parents de sa grand-mère paternelle. Après la guerre, les frères de Mgr
Lefebvre ont pu reconnaître le corps de leur père, déporté au camp nazi de
Sonnenburg (aujourd'hui en Pologne) et ses cendres ont été transférées dans cette sépulture.
dimanche 31 mars 2013
samedi 23 mars 2013
Mgr Lefebvre : supportez-vous mutuellement
Le
8 juin 1975, Mgr Lefebvre prévenait ses séminaristes : « Supportez-vous
mutuellement ». La Fraternité, en perpétuelle tension, tantôt se
rapprochant de Rome, tantôt s’en écartant, pouvait apparaître comme une barque ballotée
par la houle. Quelques jours plus tard, la FSSPX allait être supprimée
canoniquement par l’évêque de Fribourg, suscitant un mouvement de contestation
interne et des vagues de départs, d’un côté, puis de l’autre. Mais le fondateur
montre bien qu’il est dangereux de se laisser gagner par l’animosité. Il l’indique.
Dans une communauté relativement importante – aujourd’hui elle l’est dix fois,
vingt fois plus ! – imaginer que tout le monde puisse penser la même chose
en tous points est un leurre. Certains brandiront la foi ? Dans ces
contextes enflammés, Mgr Lefebvre parle de charité.
« Et puis, je pense qu’il faut en plus de pratiquer la charité vis-à-vis de Dieu, donc l’amour de Dieu, il faut se mettre davantage dans cette ambiance de l’amour de Dieu, et aussi pratiquer l’amour du prochain. Et là, je voudrais insister auprès des uns et des autres. Je ne fais pas d’allusion personnelle... Mais je pense que là aussi il y a certainement un effort à faire pour ne pas se laisser aller à des ressentiments, à des critiques, à une espèce d’orgueil personnel aussi : croyant peut-être être seul à avoir la vérité, seul à avoir la vraie manière de penser, de concevoir, de ce qu’il faut penser actuellement, de ce qu’il faut penser de notre Saint Père le Pape, des évêques, des cardinaux, de l’Église, de tout cela. Alors chacun risque de se faire là un peu son propre juge et de ne plus croire qu’à ce qu’il pense, de ne pas chercher même à connaître ce que la Fraternité, ce que les responsables de la Fraternité et du séminaire pensent.
« Et trop facilement, j’ai l’impression qu’il y en a qui s’égarent : un certain nombre qui s’écartent dans un sens je dirais de rigidité, de dureté, d’aigreur contre les personnes, et d’autres qui seraient tentés au contraire de ne pas suffisamment prendre conscience de la crise que subit l’Église et de ne pas en rechercher véritablement les causes. On peut tomber dans les deux excès ! Alors fatalement il y aura toujours dans un groupe comme le vôtre, assez important comme le vôtre, eh bien il y aura toujours forcément quelques tendances, quelques tendances vers une position plus dure, plus agressive vis-à-vis des autorités, des autorités romaines, des autorités de l’Église et d’autres qui auront une attitude, je dirais peut-être plus débonnaire, enfin moins agressive et moins dure, qui trouveront que c’est exagéré, qu’il ne faut pas parler d’une manière méprisante, qu’il ne faut pas parler d’une manière trop dure enfin, et trop agressive. »
« Alors il faudrait quand même que les uns et les autres sachent se supporter mutuellement parce vous n’arriverez jamais à faire que tout le monde pense et parle exactement de la même manière, que personne, qu’aucune parole ne sorte de tout le séminaire qui ne puisse être critiquée ou critiquable. Enfin c’est impossible, c’est impensable, vous ne trouverez jamais dans une communauté de dix personnes la même manière de parler des événements, des personnes ; c’est fatal ! Alors si vous ne pouvez pas vous supporter mutuellement… Que vous en parliez, c’est normal qu’on parle des choses présentes… Encore qu’il ne faut pas n’avoir plus que cela en tête, comme s’il n’y avait que cela, comme s’il n’y avait plus rien d’autre, comme si par exemple vous ne pouviez plus parler même de vos études, de choses spirituelles, de choses que vous avez lues, de vos lectures, enfin de choses qui ne sont pas toujours, qui ne vous mettent pas toujours dans une espèce de rancœur et de guerre, en quelque sorte intime, contre ceux qui nous font souffrir, contre ceux qui nous frappent. Il faut quand même laisser quelque fois ces choses-là de côté, laisser ces choses-là à Dieu. Et puis ma foi, qu’est-ce que vous voulez ? Priez justement et puis restez dans la paix et dans le calme, sinon vous n’avez plus la paix intérieure non plus : toujours en tension, dans un état de tension ! Alors cet état de tension finit par se faire sentir dans la communauté aussi, et alors s’il y a un état de tension dans la communauté avec tant soit peu la fatigue d’un trimestre, les examens qui viennent et tout cela, alors l’ambiance devient un peu pénible, ce n’est plus une ambiance vraiment fraternelle, paisible, sereine et charitable n’est-ce pas ! »
« Il ne faut pas vous laisser aller à des mouvements primo-primi qui font sortir des phrases auxquelles, au fond, vous ne tenez pas, qui ne sont pas vraiment ce que vous pensez véritablement. Mais une fois que c’est sorti, c’est répété, c’est dit, c’est commenté, c’est : « untel a dit ceci, l’autre a dit cela, comment peut-il dire une chose pareille ? Comment peut-on dire une chose comme celle-là ? » Alors celui-là est considéré évidemment comme un progressiste, celui-là est considéré comme un intégriste 150%. Je pense que dans toutes ces choses-là, il faut savoir quand même avoir un peu de fair-play, savoir supporter les choses. »
samedi 16 mars 2013
Mgr Lefebvre : A Rome se trouve la succession de Pierre
L'accession au trône de Pierre de papes qui semblent bien
s'éloigner de la tradition de leurs prédécesseurs peut laisser aller quelques
prêtres et fidèles vers des solutions que Mgr Lefebvre qualifiait de
simplistes. Dans une crise qui ne semble plus finir, face à des situations
scandaleuses ou qui éprouvent la patience, certains sont tentés de recourir à
des conclusions hâtives, envoyant tout promener. Mgr Lefebvre, qui
a connu plusieurs papes, qui a vu devant ses yeux, plusieurs scandales se
perpétrer, demeure cependant catégorique. Pour lui, la voie du sédévacantisme
demeure une impasse. Et même si nous pouvons avoir des divergences avec le
pape, notre lien aux premiers apôtres passe par le successeur de Pierre. C’est
en ces termes qu’il s’adressait quelques mois avant sa mort aux prêtres de la
Fraternité Saint-Pie X :
« Je pense quand même que nous avons besoin d’un lien avec Rome, Rome c’est quand même là que se trouve la succession de Pierre, la succession des apôtres, de l’apôtre Pierre, de la primauté de Pierre et de l’Église ; si on coupe avec ce lien, on est vraiment comme une embarcation qui est larguée au grès des flots, sans plus savoir à quel lieu nous sommes rattachés et à qui nous sommes rattachés. Je pense qu’il est possible de voir dans la personne qui succède à tous les papes précédents, puisque s’il occupe le siège, il a été reçu comme évêque de Rome à saint Jean de Latran, or c’est l’évêque de Rome qui est le successeur de Pierre, il est reconnu comme successeur de Pierre par tous les évêques du monde. Bon ! Qu’est-ce que vous voulez, on peut penser qu’il est vraiment le successeur de Pierre ! Et en ce sens nous nous rattachons à lui et à travers lui à tous ses prédécesseurs, ontologiquement si je puis dire. Et puis ensuite, ses actions, ce qu’il fait, ce qu’il pense, et les idées qu’il répand, c’est autre chose, bien sûr. C’est une grande douleur pour l’Eglise catholique, pour nous, que nous soyons obligés de constater une chose semblable. Mais je pense que c’est la solution qui correspond à la réalité.
« La solution du sédévacantisme n’est pas une solution ; ça pose quantité de problèmes, parce que si depuis le pape Paul VI il n’y a pas eu de papes, donc tous les cardinaux qui ont été faits par ces papes sont invalidement faits ? Donc les votes qu’ils ont fait comme cardinaux membres du Conclave sont nuls ? Et qui va rétablir alors le lien avec Jean XXIII ? Et même si on estime que Jean XXIII n’était pas pape non plus ? Alors je ne sais pas ! Il faut descendre au pape Pie XII ? Qui va rétablir le lien ? Parce que si ces cardinaux ont été invalidement faits cardinaux, ils ne peuvent pas élire le futur pape. Qui va nous désigner le nouveau pape ? On est complètement perdu ! Pas étonnant que dans ces milieux il y ait eu des groupes qui ont fait un pape. C’est logique. Gardons un peu la solution du sens commun et la solution que nous inspirent aussi les fidèles.
« Chaque fois qu’il y a eu des histoires de sédévacantisme qui ont sévi un peu dans la Fraternité, il faut le dire, eh bien, dans l’ensemble, on peut dire que les fidèles n’ont pas suivi. Ces fidèles nous ont suivis, ont suivi la solution de la Fraternité. Et je pense que si nous prenions un jour et tout à coup la décision, les autorités de la Fraternité, la majorité des prêtres, qui diraient : « c’est entendu maintenant, nous affirmons qu’il n’y a pas de pape », les fidèles ne nous suivraient pas ! La plupart des fidèles ne nous suivrait pas ! Avec raison. Voyez par exemple à Bordeaux, quand l’abbé Guépin est parti avec les deux abbés qui étaient à Bordeaux quand ils sont partis, l’abbé Belmont, eh bien ils ont cru qu’ils allaient emmener avec eux les deux tiers de la paroisse avec eux. Ils ont eu deux, trois familles, c’est tout. Non, non ! Les fidèles ont le sens de la foi. Voyez comme ils ont réagi pour les consécrations épiscopales. Les fidèles ont le sens de la foi. Ils ont le bon sens et le sens de la foi. On peut se fier au jugement de nos bons chrétiens, de nos bons fidèles. »
samedi 9 mars 2013
Mgr Lefebvre : prenons garde au zèle amer !
Le 24 mars 1977, Mgr Marcel Lefebvre parla du zèle amer à ses futurs prêtres. Le séminaire d'Ecône se trouvait à la veille d'une grave crise qui fut essentiellement marquée par le départ de son corps professoral. Des défections avaient déjà eu lieu au cours des années passées et il était parfois tentant d'extrapoler, ou de tout réduire à quelques jugements faussés.
« Regardez Notre Seigneur. Moi je ne vous demande pas autre chose, je ne vous demande pas de faire des choses extraordinaires. Regardez Notre Seigneur, regardons notre modèle. Regardez comme Notre Seigneur était dur avec les ennemis déclarés de l’Eglise, oui ! contre les erreurs, contre ceux qui répandaient autour d’eux des erreurs ouvertement, qui le faisaient d’une manière manifeste. Que nous soyons opposés aux francs-maçons, aux communistes, aux socialistes, à ceux qui détruisent la révélation, qui sont des ennemis déclarés de l’Eglise, comme Notre Seigneur l’était avec les scribes et les pharisiens, c’est bien. Mais regardez par contre la charité de Notre Seigneur avec ses apôtres ! Et vous croyez que ces apôtres étaient tous parfaits ? Notre Seigneur a eu parfois des réflexions, il a dit : – Jusqu’à quand vous supporterai-je ?… Et c’était Notre Seigneur, attention ! Mais Notre Seigneur a été compatissant, a été patient, a été condescendant avec eux, les a repris, mais d’une manière aimable, patiente et douce, mais ferme en même temps !« Alors agir autrement, agir avec une dureté continuelle, des exigences continuelles… encore une fois, je vous l’ai dit déjà, c’est du zèle amer. C’est ce qu’on appelle du zèle amer. Et je vous ai déjà fait lire l’année dernière, si je me trompe, le chapitre du livre Le Christ, idéal du moine, de Dom Marmion, qui développe ce thème du zèle amer qui se trouve quelquefois dans les couvents, qui se trouve même dans des abbayes. Ce zèle amer comme le qualifie notre saint législateur, qui est qualifié d’ailleurs comme ça par Saint Thomas aussi, a sa source non dans l’amour de Dieu et du prochain, mais dans l’orgueil.« Tout ce qui ne s’accorde pas avec leur idéal est nécessairement blâmé. Ils veulent tout plier à leur manière de voir et de faire. De là les dissensions. Et ce zèle aboutit à la haine.« Et à ce zèle excessif, toujours tendu, toujours inquiet, tourmenté, agité, rien n’est jamais assez parfait pour les âmes possédées de cette ardeur.« Ils voudraient que tout le monde soit parfait. Mais, mon Dieu, tout le monde n’est pas fait d’hommes parfaits. D’abord, qu’ils cherchent la perfection pour eux, c’est la première chose à faire ! Et puis ensuite, qu’est-ce que vous voulez, bien sûr que nous sommes dans un monde de pécheurs, bien sûr que nous sommes nous-mêmes des pécheurs…« Le vrai zèle est tout autre que celui-là, tout autre ! Et puis, je pense que ce sera la meilleure manière pour ceux qui auraient cette tendance, de réfléchir et de rechercher à être vraiment charitables autour d’eux afin d’attirer le monde, d’attirer les âmes et de ne pas les repousser. Sinon, qu’est-ce qui leur arrivera quand ils seront dans le ministère ? Ils auront dix ou quinze personnes qui seront des admirateurs, des gens qui loueront ce prêtre, de docteur, et puis c’este fini. Il sera entouré d’une dizaine de personnes, c’est terminé, son ministère s’arrêtera là parce qu’il aura chassé tous les autres. Ce n’est pas cela quand même que le Bon Dieu nous demande ! »
dimanche 3 mars 2013
Mgr Lefebvre : avant le Conclave, tournons nos regards vers Rome
Quelques jours avant l'élection du pape
Jean-Paul II, Mgr Lefebvre indiquait à ses séminaristes l'état d'esprit dans lequel
nous devions être à l'approche d'un conclave. Il y a à Rome des hommes qui
souhaitent la mort de la Tradition et travaillent à la démolition de l'Eglise.
Pour autant, on ne peut tout reléguer et renoncer à la vertu d'espérance. Il
s'agit de prier pour les électeurs afin que le Saint-Esprit les guide et les
aide à trouver parmi eux le successeur de Pierre dont l'Eglise a besoin pour
les temps qui viennent.
« Eh bien je pense que nous assistons à notre époque à une phase de combat entre l'Eglise et le démon, comme rarement l'Eglise en a vécu. Et, précisément puisque nous sommes en ces jours de la préparation du Conclave, nous ne pouvons pas ne pas tourner nos regards vers Rome et penser à ceux, aux cardinaux qui vont se réunir dans quelques jours, pour de nouveau élire le successeur de Pierre.
« Et il nous faut bien constater que depuis - particulièrement depuis le commencement du concile Vatican il et peut-être déjà bien avant sans doute - le Vatican a été investi et on peut dire, d'une certaine manière occupé, par ces esprits qui sont plus au service de Satan qu'au service de Dieu et de l'Eglise. Nous en avons les preuves par cette situation incroyable dans laquelle l'Eglise se trouve aujourd'hui.« Nous l'avons tous les jours sous les yeux. Et c'est pourquoi nous devons prier tout particulièrement au cours de ces prochaines journées, pour demander au Bon Dieu d'inspirer ceux qui vont choisir le futur successeur de Pierre. Que l'Eglise retrouve cette force dont parle saint Paul; que l'Eglise puisse continuer à agir comme elle l'a toujours fait pour garder la foi et pour combattre le bon combat de la foi et qu'elle ne soit pas empêchée d'agir par ceux qui l'occupent et par ceux qui lui font faire -ou qui lui font omettre - ce qui est nécessaire absolument pour maintenir la vie dans l'Eglise et la vitalité de l’Eglise.« Alors nous adressons nos prières en ces jours à Dieu, à la très Sainte Vierge Marie surtout, elle qui est tout à fait opposée au démon. Elle l'a été dès sa naissance. Cela a été le dessein de Dieu et la très Sainte Vierge Marie a été choisie pour terrasser le démon. Alors demandons-lui qu'elle continue à nous aider pour que le démon qui est à l'intérieur de l'Eglise, soit terrassé et que l'Eglise enfin soit libre d'agir comme elle l'a toujours fait et de sanctifier les âmes pour leur salut. »
Mgr Marcel Lefebvre, Écône 8 octobre 1978